Les saintes du Tiers-Ordre dominicain

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On décrira ici la verrière de gauche à droite : sainte Marie Madeleine, sainte Catherine de Sienne et sainte Catherine martyre.

Sainte Marie Madeleine, et bienheureuse Madeleine de Panateriis

Réalisé chez Barelon, selon un dessin du P. Danzas.

[Berthier :] Sainte Marie-Madeleine est debout, tournée aux trois quarts de droite à gauche, tenant de ses deux mains devant elle son vase de parfums. Elle est vêtue d’une longue tunique et d’un manteau qu’elle relève sous le bras droit. Elle est tête nue, et ses longs cheveux blonds tombent à flots sur ses épaules. Les traits sont légèrement émaciés, comme il convient à une pénitente. C’est une image très douce et très pure de la Madeleine transformée. On est heureux de la retrouver peinte de la sorte, tant il est rare qu’elle apparaisse sincèrement convertie, même quand elle se pâme sur une tête de mort. La bienheureuse Madeleine de Panateriis est agenouillée à gauche de la grande Madeleine, au second plan. Elle revêt le costume dominicain blanc et noir, et serre amoureusement dans ses deux bras croisés contre sa poitrine le lys de la chasteté. C’est la pureté conservée qui fait le pendant de la pureté reconquise.

Biographie de la bienheureuse Madeleine Panattieri (du Tiers-Ordre de la pénitence de saint Dominique)
  • Naissance en 1433 à Trino, Piémont, entre Turin et Milan
  • Décès le 13 octobre 1503 à Trino
  • Béatification : culte confirmé en 1827

Maddalena dès ses premières années apparaît comme une âme pleine de grâce. Très jolie, elle sut éviter la vanité et elle n’avait pour miroir que le crucifix. Elle prit très jeune l’habit du Tiers Ordre de saint Dominique, embrassant avec ferveur toutes les austérités de l’Ordre. Elle porta toujours la rude chemise de laine, observa avec une extrême rigueur l’abstinence et les longs jeûnes, et fut héroïque dans les veilles. Elle fit sien le double esprit de contemplation et d’action, dont elle devint l’expression vivante. Elle contemplait avec un amour passionné la Passion de Jésus, méritant de participer dans son âme et dans son corps à toutes les souffrances du Sauveur. Elle brûlait de zèle pour le salut des âmes pour qui elle travaillait et priait.

Elle avait le don de prédication, et elle faisait le catéchisme dans une chapelle à côté de l’église des Dominicains de Trino. Ses modestes conférences furent destinées, au début, à un groupe de femmes, qui reconnaissaient en elle une excellente conseillère. Peu à peu, quelques hommes se joignirent aux femmes, et il advint que les prêtres et religieux du lieu eux-mêmes se sentirent attirés par les paroles inspirées de Madeleine, et pour finir le maître des novices y amenait ses jeunes religieux.

Elle avait un art céleste de tourner les esprits au bien, et ce fut son œuvre si les Dominicains de Trino embrassèrent la stricte observance restaurée par Raymond de Capoue. Elle insistait surtout sur la réforme des mœurs, et traitait souvent le problème de l’usure, un sujet brûlant à cette époque où la monnaie manquait et où les commerces se répandaient largement. Grâce à Madeleine, Trino devint un centre de prédication. Le prieur général des Dominicains arriva de Milan, et de tout le Piémont de nombreux prédicateurs venaient « prendre la becquée » à Trino, où d’ailleurs la tertiaire ne s’enorgueillissait pas mais au contraire faisait preuve d’une profonde humilité. À un homme qui, heurté de ses paroles, lui donna une gifle, Madeleine, tombant à genoux, dit évangéliquement : « Frère, voici l’autre joue ; frappe aussi. Je te remercie pour l’amour du Christ ».

Comme Savonarole, elle prophétisa les malheurs de l’Italie, précisant que sa ville serait épargnée ; comme lui dans ses prédications elle répétait le cri : « Malheur à l’Italie ! Je vois approcher le fouet » ; et comme lui, elle voyait dans les enfants l’innocence et l’avenir du monde. Mais elle obtint son plus grand succès non seulement comme prédicatrice mais comme maîtresse spirituelle. Le marquis de Monferrato avait pour elle une vénération particulière et l’appelait sa « maman ». Du reste elle fut la maman de tous, et fut aimée de tous. Elle prédit sa mort, et quand elle fut en agonie, d’une voix très douce elle entonna l’hymne Jesu nostra Redemptio et l’Ave Maris stella. »

Le Sacré Cœur et sainte Catherine de Sienne

Vitrail réalisé chez Barelon, selon un dessin du P. Danzas.

[Berthier :] Le Christ est debout dans sa tunique et son manteau. De la main droite il montre à sainte Catherine agenouillée, en extase devant lui, son cœur esquissé sur sa poitrine, de la gauche il élève à la hauteur de l’épaule le calice eucharistique. La Sainte a les deux mains jointes et contemple avec amour le spectacle qui lui est donné. Elle porte sur la tête sa couronne d’épines, enserrant le voile blanc des tertiaires dominicaines. L’expression des figures et des attitudes est très remarquable d’intensité : la bonté et la force chez le maître, l’humilité et l’amour chez la fidèle servante. On dirait la traduction de cette parole sublime que le Sauveur adressa à Catherine : « Ma fille, souviens-toi que je suis celui qui est, et que toi tu es celle qui n’est pas. »

Biographie de sainte Catherine de Sienne (laïque dominicaine)
  • Naissance à Sienne 25 mars 1347
  • Décès à Rome, 29 avril 1380
  • Canonisée en 1461
  • Fêtée le 29 avril

25e enfant de Jacopo Benincasa, teinturier à Sienne, et de Lapa Piagenti, âgée de 6 ans elle reçoit sa première vision surnaturelle, et à 7 ans, elle fait vœu de virginité. Ayant résisté victorieusement aux projets matrimoniaux de ses parents, à 16 ans elle entre parmi les mantellate (les laïques dominicaines de Sienne), revêtant leur vêtement blanc et noir. Elle partage son temps entre l’église et l’hôpital-léproserie, où elle assiste les malades. Elle a tout juste 20 ans lorsque, au soir du jeudi gras 1367, lui est accordé le mariage mystique avec Jésus.

À Sienne, Catherine ne passe pas inaperçue : on la trouve absurde, scandaleuse ou exaltée. Mais autour d’elle se forme un cénacle de gens d’Église, prêtres et religieux, d’artistes et d’hommes cultivés, d’artisans et de travailleurs, de jeunes et de moins jeunes, de femmes du peuple et de dames de l’aristocratie. Cette compagnie se réunit autour de Catherine pour prier, réfléchir, méditer, dialoguer. Catherine ne manque certes pas de charme féminin, mais elle est plus riche encore de sainteté. Ascèse et oraison la font vivre en étroite union avec le Christ, tout en se préoccupant des réalités de la vie. Son principal souci est l’unité de l’Église.

Sans complexe, elle écrit au pape, à Avignon, une lettre brûlante où elle le presse de revenir à Rome. Elle ira même le chercher. Lorsque la chrétienté occidentale sera divisée entre plusieurs papes, elle soutiendra Urbain VI et déploiera des trésors d’activité et de diplomatie pour rassembler l’Église autour de lui. Elle prend aussi parti dans les luttes où s’affrontent les villes italiennes. Elle, la recluse de Sienne, voyage inlassablement comme médiatrice dans le nord de l’Italie et le sud de la France. Mais cette activité débordante n’est que la face apparente d’une intense vie mystique, avec des extases durant lesquelles ses disciples, émerveillés, copient les prières qui s’échappent de ses lèvres. Son Dialogue, qui est un des classiques de la langue italienne, retrace ces entretiens enflammés avec le Christ. Elle s’appliqua à connaître Dieu en elle, à se connaître en Dieu et à reproduire l’image du Christ crucifié.

Avec force et inlassablement, elle lutta pour poursuivre la paix, ramener dans sa ville l’évêque de Rome et refaire l’unité de l’Église. Elle mourut à Rome en 1380, laissant de précieux documents de très haute doctrine spirituelle. Seconde femme Docteur de l’Église (1970), patronne de l’Italie avec saint François d’Assise, patronne des laïcs dominicains, de l’Action catholique féminine, de Rome, des infirmières, des pompiers, copatronne de l’Europe. On la représente avec un cœur.

Sainte Catherine martyre et bienheureuse Catherine de Racconigi

Vitrail réalisé chez Barelon, selon un dessin du P. Danzas. Sainte Catherine est représentée avec une couronne et la palme du martyre ; sous son coude droit se trouve la roue dentée.

La légende de sainte Catherine martyre en fait une jeune fille noble et érudite de la fin du IIIe siècle à Alexandrie qui aurait soutenu victorieusement un débat avec cinquante philosophes en présence de l’empereur Maximilien. Celui-ci fit exécuter les savants et proposa le mariage à Catherine qui refusa car elle se considérait comme la fiancée du Christ. Il la soumit à un supplice avec une roue dentée dont les dents se brisèrent sur son corps, puis la fit décapiter.

Les sources les plus anciennes sont une Passio ou récit hagiographique en grec (VIe – VIIe siècle), une autre en latin (IXe siècle). Elle est mentionnée dans La Légende dorée de Jacques de Voragine. John Capgrave lui consacre une Vie de Sainte Catherine (1445). Fra Angelico, l’a représentée avec S. Pierre Martyr dans une nativité, cellule 5 du couvent S. Marco, Florence.

Biographie de la bienheureuse Catherine de Racconigi
  • Née en 1487
  • Décès le 4 septembre 1574
  • Fêtée le 4 septembre

Tertiaire dominicaine peu connue. Sa vie mystique a commencé très jeune ; ayant reçu les stigmates, comme sainte Catherine de Sienne, elle était considérée de son vivant comme un maître spirituel.

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