Statue de la « Vierge de douleur » de Pauline Jarricot

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Sur le pilier de gauche en entrant dans la chapelle du Rosaire, se trouve une Vierge de douleur rapportée d’Italie par Pauline Jarricot. Elle a été offerte au couvent après sa mort par ses héritiers.

Voici une lettre de Pauline Jarricot où elle explique l’histoire de cette statue de la Vierge de compassion.

Cette vierge est représentée au pied de la croix et de grandeur naturelle, mais seulement à demi corps. Si elle n’est pas d’une matière précieuse, elle a un autre mérite bien supérieur, qui consiste dans l’expression admirable de son visage, où l’on démêle tout à la fois et l’angoisse de la douleur et la résignation surhumaine d’un cœur maternel transpercé qui adore les décrets de Dieu.

Tout est intéressant dans l’histoire de cette statue. L’originale fut léguée par un religieux à don Présute, curé fort respectable et très estimé qui dessert à la fois l’église de Sainte-Lucie sur mer et celle de Notre-Dame de la chaîne, placées l’une et l’autre sur le port de Naples. Cette image sacrée lui avait été confiée sous la condition qu’il la ferait vénérer le plus possible. Ce digne ecclésiastique l’avait promis au religieux mourant. Mais ne pouvant la placer convenablement ni dans l’une ni dans l’autre de ces deux églises dont les principales chapelles se trouvaient toutes consacrées à diverses dévotions, il attendait, pour accomplir son engagement, que la providence lui en fournit une occasion favorable.

Déjà quelques temps s’étaient écoulés sans que le digne curé une vue la possibilité de mettre en honneur cette belle Vierge. Sur ces entrefaites nous arrivâmes à Naples, (c’était immédiatement après la neuvaine d’action de grâces que nous venions de terminer à Mugnano auprès du tombeau de Sainte Philomène, à l’époque de ma guérison). Nous nous logeâmes dans un hôtel qui touche l’église de Sainte-Lucie. Jusqu’alors nous avions de notre côté vivement désiré de trouver en Italie une belle statue de Notre-Dame de compassion, mais parmi celles que nous avions rencontrées, aucune n’avait pu répondre encore à l’idée que nous nous en étions formée. Lorsqu’un jour, en visitant l’église de Sainte-Lucie, nous remarquâmes à la sacristie cette touchante madone : nous demandâmes s’il ne serait pas possible d’en faire tirer une copie ; je vous en ferai présent, nous dit Monsieur le curé, afin de soulager ma conscience et ce fut alors qu’il raconta ce que j’ai dit plus haut. Nous acceptable l’engagement qu’il avait pris envers le respectable défunt, et ce précieux dépôt nous fut livré pour être envoyé en France. Je ne vous parlerai des petits incidents tout providentiels qui accompagnèrent cette donation, mais seulement de sa traversée qui eut quelque chose de semblable à ce qui vient de se passer à l’égard de la copie de cette même statue que nous avions expédiée pour l’Algérie. Une tempête affreuse accueillit le navire qui la portait de Naples à Marseille et le mis en grand danger de périr. Le capitaine pour éviter le naufrage fut obligé de faire rejeter toutes les marchandises à la mer, la caisse seule qui contenait cette statue fut exceptée. L’orage avait poussé le navire si loin hors de sa route il avait tellement endommagé que ce ne fut que trois mois et demi après son départ de Naples qu’il put arriver à Marseille.

Mais bien chères sœurs
toute vôtre
Pauline Jarricot

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