La verrière de saint Thomas d’Aquin

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À droite : saint Louis et saint Albert le Grand

Réalisé au couvent. Le petit médaillon qui le supporte représente la philosophie chrétienne, œuvre du fr. Egidius. Dans cette verrière centrée sur saint Thomas, les saints qui l’entourent sont ceux qui l’ont entouré dans sa vie. Ici le roi saint Louis, qui était proche des dominicains installés à Paris à partir de 1217, et saint Albert le Grand qui fut l’un des maîtres de saint Thomas d’Aquin.

Saint Louis, roi de France
  • Né le 25 avril 1215 à Poissy
  • Décès le 25 août 1270 à Tunis

Petit fils de Philippe Auguste, saint Louis est né la même année que l’Ordre dominicain, en 1215. Il a eu des relations proches avec les franciscains, dont il a rejoint le Tiers Ordre et avec les dominicains tout au long de sa vie. Voici ce qu’en disent les Petits Bollandistes :

Il avait beaucoup d’affection pour les religieux de Saint-Dominique et de Saint François, qu’il regardait comme des instruments sacrés dont la divine Providence voulait se servir pour le salut d’une infinité d’âmes rachetées par le sang de Jésus-Christ. Il les invitait même quelquefois à dîner avec lui, surtout saint Thomas d’Aquin et saint Bonaventure, deux des plus excellentes lumières de l’Église, dont les pieux et savants entretiens lui donnaient une joie et une consolation merveilleuse.
La religion de ce grand prince parut encore d’une manière admirable dans le zèle qu’il déploya pour faire venir dans son royaume la couronne d’épines de Notre-Seigneur. Il l’envoya chercher à Constantinople par le frère Jacques et le P. André le Lonjumeau, de l’Ordre de Saint-Dominique, et la fit conduire jusqu’à Venise, parce qu’elle avait été engagée aux Vénitiens pour un prêt d’argent fort considérable. Ensuite, il la racheta de leurs mains, en leur payant le prix de l’engagement. Ayant reçu des avis officiels, Louis IX, dans les premiers jours d’août 1239, partit de Vincennes avec les reines Blanche et Marguerite, les comtes d’Artois, de Poitiers, d’Anjou, ses frères, l’archevêque de Sens, Bernard, évêque du Puy, plusieurs autres prélats et une foules de princes et de hauts barons. À Villeneuve l’Archevêque, à cinq lieues de Sens, ce noble et brillant cortège rencontra la religieux et leur nombreuse suite ; car les populations, sachant ce qu’avec eux ils rapportaient en France, s’étaient empressées de les suivre, avec la résolution de ne retourner au pays que lorsqu’elles auraient vu et adoré les sacrés vestiges de la passion de l’Homme-Dieu. C’était le 10 août, fête de saint Laurent. Le P. André et le frère Jacques présentèrent au monarque, à la reine son épouse, à la reine sa mère et au fils de France qui les accompagnait, la triple caisse couverte des sceaux des seigneurs français et du doge de Venise, Jacques Tieopolo.

Tome X, p. 206, consultable en ligne.
Biographie de saint Albert le Grand (Albert de Bollstädt)
  • Naissance à Lauingen (Bavière) vers 1193 ou vers 1206
  • Décès à Bologne, le 15 novembre 1280
  • Béatifié en 1622
  • Canonisé en 1931
  • Fêté le 15 novembre

De famille riche, il fut étudiant à Padoue. À l’âge de 30 ans, comme il hésitait, la Sainte Vierge lui dit : « Quitte le monde et entre dans l’Ordre de saint Dominique », et malgré les résistances de sa famille, il entra au noviciat des Dominicains en 1223.

  • 1243-1244 : il enseigne à Paris au collège des Dominicains. St Thomas d’Aquin fut un de ses premiers élèves.
  • 1245 : maître en théologie.
  • 1248 : recteur de théologie à Cologne. St Thomas d’Aquin est toujours son élève (ce jeune religieux, déjà tout plongé dans les plus hautes études théologiques, était silencieux parmi les autres au point d’être appelé par ses condisciples « le bœuf muet ». Mais Albert les fit taire en disant : « Les mugissements de ce bœuf retentiront dans le monde entier. ») De Cologne, Albert fut appelé à l’Université de Paris. C’est là que son génie parut dans tout son éclat et qu’il composa un grand nombre de ses ouvrages.
  • 1254 : il est nommé provincial d’Allemagne ; il dit adieu, sans murmurer, à sa cellule, à ses livres, à ses nombreux disciples, et voyage sans argent, toujours à pied, à travers un immense territoire, pour visiter les nombreux monastères soumis à sa juridiction.
  • 1260 : il doit obéir au pape et accepter, en des circonstances difficiles, le siège épiscopal de Ratisbonne ; là, son zèle infatigable ne fut récompensé que par de dures épreuves où se perfectionna sa vertu. À son arrivée dans son diocèse, il portait, par humilité, des chaussures de paysan, si usées qu’on le surnomma “évêque Godasse”. Il résilie cette charge au bout de deux ou trois ans.
  • 1263-1264 : il prêche la septième croisade en Bohême et en Allemagne.
  • 1264-1266 : il enseigne à Würzburg, puis à Strasbourg.
  • 1269 : le pape l’autorise à rentrer dans la paix de son couvent de Cologne.
  • 1280 : il meurt à Cologne, âgé de 87 ans, il est enterré dans l’église des Dominicains.

Déjà de son vivant, on l’appelait Albert le Grand.
On s’étonne que, parmi tant de travaux, de voyages et d’œuvres de zèle, Albert ait pu trouver le temps d’écrire sur les sciences, la philosophie et la théologie des ouvrages qui ne forment pas moins de 21 volumes in-folio, et on peut se demander ce qui a le plus excellé en lui du savant, du saint ou de l’apôtre.
Frère Albert de Cologne passait pour l’homme le plus savant de son temps ; on disait qu’il n’ignorait rien de ce qui pouvait alors être connu : philosophie, théologie, physique, biologie… Loin de l’égarer ou de le couper de ses contemporains, ce savoir encyclopédique fut pour lui un chemin de sainteté, car il le consacra tout entier au service de la vérité de la foi au Christ.
Par ses livres, par son enseignement dans les universités de Paris ou de Cologne, il a voulu réaliser la synthèse de toutes les découvertes scientifiques de la renaissance médiévale du XIIIe siècle avec la tradition de l’Église.

Découvrant les ouvrages grecs (Aristote) et arabes (Avicenne), il les étudie avec passion. Dans ses commentaires de l’œuvre d’Aristote, il consigne déjà ses désaccords avec les vues de celui-ci dans le domaine scientifique.
Mais il fait plus : il entreprend une encyclopédie d’ambition comparable, le De animalibus. Ce vaste traité, achevé vers 1270, comprend 26 livres. Les 19 premiers sont des commentaires de l’œuvre d’Aristote, les suivants sont consacrés aux animaux qui marchent, volent, nagent et rampent dans une classification inspirée de Pline l’Ancien. Dans ces derniers livres, il puise largement dans les matériaux du Liber de natura rerum de Thomas de Cantimpré. Cette œuvre qui restera isolée dans son temps tranche sur celles de ses prédécesseurs comme Isidore de Séville et comprend beaucoup plus de descriptions fondées sur des observations réelles.

Il n’empêche que pour encore longtemps la zoologie restera une branche de la théologie dans laquelle les animaux seront étudiés pour les symboles divins qu’ils véhiculent.
Albert le Grand écrit également des encyclopédies semblables pour les minéraux et pour les végétaux. Ce dernier ouvrage comprend par exemple une étude sur les effets respectifs de la lumière et de la température sur la croissance des végétaux, ainsi que la question des greffes. Ces œuvres sont riches en enseignements historiques. Étant l’un des premiers à recevoir, commenter et enseigner les textes d’Aristote, il permet ainsi une première diffusion en Occident des philosophies grecques et arabes, et les confronte avec la doctrine chrétienne. Il sera vite relayé par son disciple Thomas d’Aquin.

Au centre : saint Thomas d’Aquin

Réalisé par Barelon ainsi que les deux personnages qui le supportent, la philosophie païenne et la synagogue, les yeux bandés. En revanche, les archives précisent que « le médaillon de saint Thomas recevant des anges le cordon est le coup d’essai du fr Egidius, il l’a peint à Grigny, chez Barelon. »

Thomas d’Aquin porte un livre sur lequel figure une formule attribuée au pape Jean XXII lors de son procès de canonisation en 1323 : « Autant d’articles, autant de miracles » (Quos articulos, tot miracula), exprimant par là que le nombre des articles écrits par saint Thomas dans la Somme théologique est au moins aussi important que le nombre de miracles que l’on cherche à prouver dans un procès de canonisation.

Biographie de saint Thomas d’Aquin
  • Naissance à Roccasecca vers 1225
  • Décès à Fossanova 7 mars 1274
  • Canonisé en 1323
  • Fêté le 28 janvier

L’un des plus illustres membres de l’Ordre dominicain. De la famille des comtes d’Aquino (Italie du sud), Thomas fit ses études d’abord à l’abbaye de Monte Cassino où il était oblat (de 5 à 14 ans), puis à Naples (de 14 à 19) ; après son entrée dans l’Ordre des Prêcheurs en 1244, il compléta ses études principalement sous la direction de saint Albert le Grand à Cologne. Il fit aussi trois séjours à Paris, au couvent Saint-Jacques.
Sa vie d’étudiant puis de professeur fut toute simple, mais son œuvre est impressionnante. On venait alors de redécouvrir la philosophie d’Aristote. Par son rationalisme, par certaines de ses conclusions, elle semblait incompatible non seulement avec la théologie traditionnelle d’inspiration augustinienne, mais encore avec la foi. Thomas sut faire une synthèse équilibrée entre Aristote et Augustin. L’Ordre reconnaît en lui un maître et un modèle pour œuvrer à une meilleure intelligence de la Parole de Dieu.
Docteur de l’Église.

Le génie n’explique pas à lui seul un tel chef-d’œuvre ; s’il est parvenu à réconcilier la raison et la foi, c’est que Thomas était aussi un saint, un contemplatif. Il est resté toute sa vie rigoureusement fidèle aux Constitutions de l’Ordre ; le service de la Parole dans la pauvreté mendiante prit pour lui la forme d’un labeur théologique incessant, conduit par la recherche contemplative de Dieu et le désir de la partager.
Il mourut alors qu’il se rendait au concile de Lyon. Sa fête est le jour anniversaire de la translation de ses reliques, le 28 janvier 1369, dans l’église des Jacobins de Toulouse. Elles y demeurèrent jusqu’à la Révolution française, et retrouvèrent leur place en 1974 après la restauration de cette église. Patron de la science catholique, des écoles catholiques, des théologiens, philosophes, étudiants, libraires.

À gauche : saint Augustin et saint Bonaventure

Réalisé au couvent. Le panneau de la théologie et les deux petits anges de Fiesole sont du fr. Egidius.

Saint Augustin est représenté dans l’entourage de saint Thomas car il constitué pour lui une référence comme pour tous les théologiens du Moyen Âge, même si saint Thomas développe sur certains sujets une approche différente de la théologie. Saint Bonaventure est chez les franciscains l’exact contemporain de saint Thomas. Ils ont enseigné au même moment à Paris, et sont morts à quelques mois d’écart en 1274 à l’occasion du concile de Lyon, S. Thomas sur la route qui l’y conduisait et S. Bonaventure à Lyon, durant le concile.
S. Augustin porte une bande sur laquelle est écrit : « Thomas m’est égal dans la gloire, mais dans la pureté virginale il est plus éminent que moi » , phrase qui vient du répons de la fête de Saint Thomas.

Biographie de saint Augustin
  • Né le 13 novembre 354
  • Mort le 28 août 430
  • Fêté le 28 août

Né à Tagaste (actuellement Souk-Ahras, Algérie) le 13 novembre 354 d’un père incroyant et d’une mère chrétienne, sainte Monique. Brillant étudiant, il a une jeunesse dissipée, et a eu un enfant, Adéodat, d’une femme qu’il n’a pas épousée. En 383, il vient à Rome, puis enseigne la rhétorique à Milan.
Converti, baptisé par saint Ambroise à Pâques 387, il retourne en Afrique.
Ordonné prêtre en 391, évêque d’Hippone (près de l’actuelle Bône, Algérie) en 396, il est l’un des plus grands théologiens chrétiens.

Durant toute sa vie, il n’a cessé d’écrire, soit pour répondre à des questions qui lui étaient adressées, soit pour réfuter des doctrines contraires à la foi chrétienne (manichéisme, donatisme, pélagianisme). Il a également laissé un grand nombre de commentaires de textes bibliques, prêchés devant ses fidèles d’Hippone.
Il meurt au moment des invasions barbares en Afrique, le 28 août 430. Son influence sur la théologie chrétienne occidentale est considérable, et un maître médiéval comme saint Thomas en fait l’auteur le plus cité dans son œuvre, même si sur certaines questions il sait se distinguer de lui.

Biographie de saint Bonaventure
  • Né entre 1217 et 1221 à Bagoregio
  • Mort le 13 juillet 1274 à Lyon
  • Canonisé le 14 avril 1282 par Sixte IV
  • Déclaré docteur de l’Église en 1587 par Sixte V
  • Fêté le 15 juillet

Il est le grand théologien franciscain contemporain de saint Thomas d’Aquin. Fils de médecin, Jean Fisanza fut guéri d’une grave maladie quand sa mère fit un vœu à saint François qui venait d’être canonisé. On l’envoie étudier les lettres et les arts à l’Université de Paris. C’est là que, impressionné par l’exemple de l’un de ses maîtres, il entre chez les frères mineurs (franciscains), à 22 ans, prenant le nom de Bonaventure. Il gravit sans peine le cursus des études théologiques et commence à enseigner de 1248 à 1257. En 1257, il est élu ministre général de l’Ordre et se met à parcourir l’Europe. Il a fort à faire pour maintenir l’unité de cet Ordre devenu si grand, car il n’est pas simple de faire suivre à 35 000 frères la règle de vie élaborée par saint François pour quelques disciples. Des aménagements s’imposent. Mais il sait allier la fermeté dans l’autorité et la compréhension à l’égard de tous ses frères, tout en demeurant d’une affectueuse humilité avec tous. En plus de sa charge, il mène de front une vie de prédicateur, d’enseignant et d’écrivain. Il se voit confier par le Pape des missions diplomatiques, en particulier pour le rapprochement avec l’Église grecque. En 1273, le pape Grégoire X le crée cardinal et le charge de préparer un second concile de Lyon. C’est dans cette ville que frère Bonaventure meurt en plein concile.

Ses œuvres les plus connues sont sa Vie de saint François, et le Breviloquium, petit ouvrage qui résume sa théologie.

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