Cette verrière illustre des événements attribués à saint Dominique dans les textes du XIIIe siècle. Le P. Danzas s’est inspiré d’une série peinte deux fois par Fra Angelico, la prédelle du tableau du Couronnement de la Vierge, conservé au Louvre et celle de la Vierge l’enfant Jésus et les saints, conservé au musée de Cortone. Ce vitrail a été réalisé pour une part au couvent et pour une part par l’entreprise Barelon. Il permet de comparer le travail des professionnels et celui des frères convers dominicains, et d’apprécier la qualité de ce dernier.
Pourquoi S. Dominique a-t-il toujours une étoile à hauteur du front ? Les textes du XIIIe utilisent ce signe pour dire que Dominique apportait la lumière de l’évangile au monde.
Cependant, Dieu qui voit le futur daigna faire entrevoir déjà, dès son jeune âge, qu’on devait espérer de cet enfant un avenir insigne. Une vision le montra à sa mère portant la lune sur le front ; ce qui signifiait évidemment qu’il serait un jour donné comme lumière des nations, pour illuminer ceux qui sont assis dans les ténèbres à l’ombre de la mort. L’événement le prouva dans la suite.
Jourdain de Saxe, Libellus sur les origines de l’ordre des Prêcheurs, 9.
Il parut à sa mère spirituelle que l’enfant Dominique avait comme une étoile sur le front. Cette dame était noble.
Pierre Ferrand, Legenda sancti Dominici, 6.
En bas à gauche : le miracle des pains
Deux anges distribuent du pain aux frères réunis au réfectoire, pendant qu’un frère fait la lecture. La formule latine Panis oblatus coelitus fratrum supplet inopiam signifie que le pain offert par le ciel a pris la place de la disette dans laquelle se trouvaient les frères. Le réfectoire est une représentation imaginaire de celui du couvent de Saint-Sixte, à Rome. Cette partie du vitrail a été réalisée au couvent.
Au temps où les frères de Rome demeuraient encore à Saint-Sixte et connaissaient fréquemment une grande indigence dans ses nécessités les plus élémentaires parce que l’ordre n’était pas encore connu du public, il arriva certain soir que le procureur des frères, un romain, frère Jacques de Melle, n’eut pas de pain à leur donner. Les frères qu’on avait envoyés pour demander l’aumône , après avoir comme d’habitude fait le tour de beaucoup de maisons, avaient rencontré bon nombre de prêtres et de lévites mais très peu de samaritains (Lc 10, 30-37). Aussi rapportaient ils à peine un peu, très peu de pain. L’heure pressait pour le repas. Le procureur alla trouver le serviteur de Dieu Dominique, qui était alors présent, et lui exposa le désastre. L’homme de Dieu exulta en esprit et bénit Dieu, le visage plein de joie ; puis, comme réconforté d’en haut par l’infusion d’une confiance surnaturelle, il donna l’ordre de partager et de distribuer sur la table le peu de pain qu’on possédait. Au signal les frères viennent au réfectoire, poursuivent jusqu’au bout d’une voix joyeuse la bénédiction de la table et s’asseyent en bon ordre à leur place. Or tandis que chacun rompait la bouchée de pain qu’il avait trouvée devant lui, voici que deux jeunes gens, de même costume et de figure semblable, entrent au réfectoire. Ils portent dans le pli d’une cape qui pendait à leur cou une quantité de pains, tels que seuls en sait faire le boulanger qui les envoya. Ils les déposèrent en silence au sommet d’une table près de laquelle était assis l’homme de Dieu Dominique, puis disparurent si subitement que nul ne put découvrir désormais d’où ils étaient venus, ni où par après, ils s’en étaient allés. Quand les jeunes gens furent partis, l’homme de Dieu Dominique, tendant sa main de tous côtés : « Et maintenant, mes frères, dit-il mangez. » Nul ne douta sérieusement que tout ceci ne fût donné du ciel par les mérites du serviteur de Dieu Dominique. Plusieurs des frères qui furent alors présents et vient encore aujourd’hui en sont témoins.
Constantin d’Orvieto, Legenda Sancti Dominici, 28. On trouve la même histoire dans les Miracles de saint Dominique, rapportés par Sr Cécile, 3.
En haut à gauche : la mort de saint Dominique
La formule latine Caritatem habete, umilitatem servate, paupertatem possidete signifie « Ayez la charité, gardez l’humilité, possédez la pauvreté. » (Les lettres en exposant sont abrégées par un accent circonflexe.) Cette partie du vitrail a été réalisée au couvent.
Saint Dominique laissait aux frères ce qu’il possédait : « Voici, dit-il, frères très chers, ce que je vous vous laisse pour que vous le teniez comme des fils par droit d’héritage. Ayez la charité, gardez l’humilité, possédez la pauvreté volontaire. » Ô testament de paix, testament que nul oubli n’a le droit d’effacer, nul dédain de mépriser, nulle intervention de modifier.
Pierre Ferrand, Legenda sancti Dominici, 50.
En bas au milieu : le miracle du feu
La formule latine Ter in flammas libellus traditus, ter exusit illoesus penitus signifie « Trois fois jeté aux flammes, le livret trois fois en ressortit sans aucune atteinte. » Cette partie du vitrail a été réalisée par l’entreprise Barelon.
24. Il arriva qu’un jour on institua à Fanjeaux une célèbre dispute, à laquelle on avait convoqué un très grand nombre de gens, tant fidèles qu’infidèles. La plupart des défenseurs de la foi avaient entre-temps rédigé des mémoires dans lesquels ils avaient couché leurs arguments et les citations authentiques qui confirmaient la foi. À l’examen d’ensemble, le mémoire du bienheureux Dominique fut plus apprécié que les autres et l’assemblée l’approuva pour qu’on le présentât, en même temps que le mémoire rédigé par les hérétiques, aux trois arbitres élus par les parties ensemble pour porter le jugement final. On devait considérer comme victorieuse la créance de la partie dont les arbitres estimeraient le mémoire mieux fondé en raison.
25. Les arbitres ne parvinrent pas à se mettre d’accord en faveur de l’une des parties, en dépit d’une longue discussion verbale. Il leur vint alors à l’esprit l’idée de jeter les deux mémoires dans les flammes : si l’un d’entre eux n’était pas consumé, c’est qu’indubitablement il contenait la vérité de foi. On allume donc un grand feu ; on y lance l’un et l’autre livre. Le livre des hérétiques se consume aussitôt. Mais l’autre, qu’avait écrit l’homme de Dieu Dominique, non seulement demeure intact, mais saute au loin sortant des flammes en présence de tous. Relancé une deuxième, une troisième fois, à chaque fois il ressortit, manifestant ouvertement et la vérité de la foi et la sainteté de celui qui l’avait rédigé.
Jourdain de Saxe, Libellus sur les origines de l’ordre des Prêcheurs, 24-25.
En haut au milieu : la résurrection du jeune Napoléon
La formule latine Usitoeque natus reditus matris pelit tristitiam signifie « L’enfant rendu à sa mère chasse sa tristesse. » Cette partie du vitrail a été réalisée par l’entreprise Barelon.
À l’un de ses séjours à Rome, certain adolescent, parent du cardinal Étienne de Fossanova, s’amusait imprudemment à cheval et se laissait emporter dans une course folle, lorsqu’il fit une chute très grave. On le transportait en pleurant. On le croyait à moitié mort, peut-être même tout à fait, car il était indubitablement inanimé. La désolation allait grandissant autour du défunt quand advint maître Dominique et, avec lui, frère Tancrède, homme fervent et bon, naguère prieur de Rome, de qui j’ai appris cette histoire. Il dit à Dominique : “Pourquoi te dérober ? Pourquoi n’interpelles-tu pas le Seigneur ? Où est maintenant ta compassion pour le prochain ? Où est ta confiance intime envers Dieu ?” Profondément ému par les apostrophes du frère et vaincu par un sentiment de compassion ardente, il fit discrètement transporter le jeune garçon dans une chambre qui fermait à clef et par la vertu de ses prières lui rendit la chaleur de la vie et le ramena devant tous sain et sauf.
Jourdain de Saxe, Libellus sur les origines de l’ordre des Prêcheurs, 100. On trouve la même histoire, plus développée, dans les Miracles de saint Dominique, rapportés par Sr Cécile, 2.
En bas à droite : Vision du pape voyant saint Dominique soutenir l’Église
Vision d’Innocent III, le pape qui a approuvé la fondation de l’Ordre. Pendant son sommeil, il rêve de saint Dominique soutenant les murs branlants de la basilique du Latran. Une histoire équivalente est racontée à propos de saint François, dont ce pape a soutenu également la fondation. Le pape est représenté ici au lit avec sa tiare sur la tête (!).
La formule latine Jesu bone prece Dominici tibi proesta nos gratos effici signifie « Bon Jésus, à la prière de Dominique, accorde-nous de t’être agréable. »
En haut à droite : Vision de saint Pierre et saint Paul
La formule latine Verba mea quæ posui in ore tuo non recedent de ore tuo signifie « Mes paroles que j’ai mises dans ta bouche ne s’écarteront pas de ta bouche. »
L’église qui est représentée est la basilique Saint-Pierre de Rome édifiée par l’empereur Constantin, qui a été détruite lors de la construction de la basilique actuelle.
Cette scène a été réalisée au couvent par le fr. Joachim.
Tandis que l’homme de Dieu Dominique était à Rome et répandait ses prières en présence de Dieu dans la basilique de Saint-Pierre pour la conversion et le développement de l’ordre que la dextre divine propageait par ses soins, la main de Dieu fondit sur lui. Il vit paraître Pierre et Paul ces princes pleins de gloire. Le premier, Pierre, lui conféra le bâton, Paul, le livre, et tous deux ajoutèrent « Va et prêche, car Dieu t’a choisi pour ce ministère. » Alors en un instant, il lui sembla que ses fils dispersés dans le monde entier, s’en allant deux par deux prêcher au peuple la parole de Dieu.
Constantin d’Orvieto, Legenda Sancti Dominici, 25.
Plaque commémorative du chapitre général de 1891
Sous ce vitrail, une plaque en marbre rappelle la tenue au Saint-Nom de Jésus d’un chapitre général électif de l’Ordre dominicain :
Cette année 1891, le 13 des Calendes d’octobre, les définiteurs et les provinciaux de l’Ordre des Prêcheurs rituellement assemblés ont élu par la plupart des voix comme Maître général le fr. André Früwirth qui gouvernait alors la Province d’Autriche. Pour que, les années s’écoulant, le souvenir de cet événement ne s’alanguisse, tout cela a été confié à ce marbre.